AfroKaz: Comment je me suis débarassée des préjugés et ai appris à aimer mes cheveux naturels

dimanche 10 mai 2015

Comment je me suis débarassée des préjugés et ai appris à aimer mes cheveux naturels

Re-bonjour :),

  J'espère tout d'abord que votre journée a été belle et épanouissante!
Comme promis, me revoici avec un nouvel article: "comment j'ai appris à aimer mes cheveux naturels".
Il a été bien plus long à écrire que je ne l'avais prévu,sans doute à cause du fait que comme je vous disais dans mon tout premier post, j'ai une histoire particulière avec mes cheveux. C'est d'ailleurs le cas de la plupart d'entre nous. Depuis la nuit des temps, la femme, quelque soit son origine, a une relation quasi intime avec son cheveu et sans doute le phénomène est-il exacerbé dans notre cas.  D'où une longue introspection pour vous raconter l'histoire que j'ai, ce soir, envie de partager avec vous. Je vous invite au préalable à vous mettre en position confortable avec votre ordi, tablette ou tout autre support numérique que vous seriez susceptible d'utiliser. Voici mon histoire...


  On est en 1980, en Martinique, territoire d'outre-Mer Français. La seconde Guerre mondiale est terminée depuis plus de 30 ans mais les stigmates laissés par l'amiral Robert sont encore très présents dans le cœur de nos grands parents et il n'est pas rare d'entendre des mères dire à leur fille en âge de se marier ou de faire des enfants: "ma fille, je te conseille d'épouser un homme à la peau claire, pour sauver la race". A écrire ces mots, j'en frémis. Le bonheur est ce que veut avant tout une mère pour sa fille  et il va évidemment de soi que la probabilité de tomber sur un homme parfait à la couleur claire est égale à celle de trouver un homme parfait foncé de peau (très faible selon moi, mais c'est un autre débat ^_^) mais les préjugés ont la dent dure à cette époque. Sauf que ma mère, fruit de la génération 68 et lasse de ce discours épouse en second mariage mon père, à la peau chocolat, et me voici qui pointe le bout de mon nez quelques mois plus tard. 
  Petite fille pleine de vie, ma grand-mère (paix à son âme) s'est toujours beaucoup occupée de moi et m'a toujours profondément aimée mais, il faut bien l'avouer, mes cheveux un peu moins... Je le comprends bien lorsqu'elle exprime sa difficulté à me coiffer par rapport à d'autres petits-enfants aux cheveux plus "plats" comme on disait à l'époque ou lorsque adolescente, on me conseille de faire des bigoudis tous les soirs. Je sens bien que si la beauté de mes cousines plus métissées est louée durant les réunions de famille, c'est à mes résultats scolaires qu'on se cantonne pour me complimenter, mon physique plus négroïde ne rentrant pas dans les critères de beauté de la petite bourgeoisie de l'île d'où je viens.

  Le complexe s'installe donc, intérieurement, pourtant, ma couleur foncée et mes cheveux crépus ne m'empêchent pas de plaire aux garçons, mais des années de martelage d'une idée de la part de référents familiaux ne peuvent bien entendus pas disparaître grâce aux compliments de quelques garçons pubères. Je me défrise donc les cheveux tous les deux mois. Je fais une rapide estimation, avec 6 pots par an donc, de 12 à 33 ans, on arrive à 66 pots soit environs 660 euros soit près de 900 dollars! Je ne sais pas pour vous mais cette somme serait bien mieux sur mon compte...
  Il me faut attendre mon départ vers la Guadeloupe à l'aube de la trentaine pour sortir de cet état d'esprit. J'y croise bien plus souvent de belles négresses, arborant leurs cheveux naturels et enfin, je décide de faire des locks. Sauf que, malgré des mois à les tourner régulièrement, les locks ne prennent pas..."parce que tes cheveux ne sont pas assez crépus!" me dit-on au salon de coiffure. Les bras m'en tombent...il faudrait savoir...me dis-je... 
  Et puis, quelques mois passent et je rencontre l'amour dans les yeux d'un bordelais.Je vous entends d'ici murmurer "que les paroles de l'ancienne génération ont finalement continué à faire échos" ;), mais je vous rassure, mesdames, dans la pensée que l'amour n'a bien évidemment pas de couleur, dans un sens comme dans l'autre, c'est à son cœur que je me suis attachée et sans doute aussi à l'admiration qu'il a pour la femme noire. Croyez-le ou non, c'est lui qui m'a poussée à revenir au naturel, parce que "vos cheveux sont magnifiques" m'a t-il dit.

  Je commence alors à m'intéresser au cheveu naturel, notamment sur internet, et deux sites retiennent particulièrement mon attention:" NaturalHairBe" et" Le cheveu Noir dans tous ses états".
  Je suis alors tous les conseils quasi religieusement, je me suis mise à lire les étiquettes, à n'acheter que des produits aux ingrédients naturels, acheter des dizaines d'huiles végétales différentes et les accessoires requis, vaporisateur d'eau, casque à vapeur etc...mais il est vrai qu'on peut se perdre entre tous les conseils, surtout lorsqu'on finit par multiplier les sites consultés, les produits utilisés, qui peuvent parfois coûter très chers. Vous l'aurez compris, c'est ce que j'ai fait durant un temps, je l'avoue... Et là, ce n'était plus pour plaire à Mr, mes cheveux étaient devenus une priorité absolue, ou plutôt, moi-même, car en m'en occupant, j'avais le sentiment de m'occuper de moi-même et de penser les petites blessures enfouies.  Mon soin hebdomadaire est devenu un vrai rituel durant lequel je n'aime pas beaucoup être dérangée car c'est pour moi une façon de me recentrer mais la routine capillaire utilisée a changé au fil du temps, primo car il n'est financièrement pas très raisonnable de dépenser autant dans des produits à la recherche, finalement, de textures qui ne sont pas les nôtres et secundo parce que j'ai compris qu'avant d'adopter une routine capillaire avec tel ou tel type de soin, il faut avant tout comprendre son cheveu, son cheveu à soi. Oui, les différentes textures de cheveux afro sont si variées qu'un rituel de soin adapté à une chevelure afro peut très bien ne pas convenir à une autre, et c'est souvent le cas. Sur 10 personnes aux chevelures afro, les 10 pourront avoir chacune une texture différente, sans compter que nous avons très souvent sur une seule tête, plusieurs textures différentes. C'est en lisant le livre de Corinne Vincent "Le cheveu noir dans tous ses états" que j'ai fini par comprendre, à quoi d'abord s'attacher pour choisir ses soins: le degré de porosité du cheveu, ou encore, sa propension à absorber l'eau, dans un premier temps, et les soins d'une façon générale. Je comprends alors que mon cheveu crépu mais fin et poreux n'a justement pas besoin de multitudes de produits tous plus lourds les uns que les autres et aggravant donc le problème mais de quelques ingrédients bien ciblés tels que le henné ou les soins protéinés légers dans mon cas pour combler les brèches de mon cheveu poreux. Nous reviendrons plus en détail sur la porosité dans un très prochain post, mais sachez que vous pourriez être dans le cas inverse et avoir besoin d'une routine capillaire différente. Comme promis, nous y reviendrons bientôt ;).

  Et c'est là que la magie du cheveu crépu finit par opérer ...
  En me cantonnant, par exemple, à masser régulièrement mon cuir chevelu avec quelques gouttes d'huiles végétales afin d'activer la circulation sanguine et l'aider à se débarrasser des irritations laissées par des années de défrisage, tout en le gardant propre et sans excès d'huile, afin de ne pas obtenir l'effet inverse (nous reviendrons également sur cette partie). 
  En bannissant définitivement le shampoings sulfatés au profit d'autres formes de shampoing peu coûteuses et très intéressantes comme les shampoings barres ou le shikakai. 
  En m'intéressant notamment aux poudres ayurvédiques telles que le henné et l'amla. Et puis, surtout, en réapprenant à manipuler mes cheveux tel que cela devait être fait dans les temps ancestraux, avant les bateaux négriers, l'esclavage, avant que la vision occidentale de la beauté devienne une dictature.

  La colonisation est un long débat et si mon but n'est pas ici de parler politique mais plutôt que la femme noire se réapproprie sa vraie beauté, il faut bien avouer qu'à travers ces événements, nous avons oublié nos peignes en bois ou en ivoire pour des peignes en plastiques qui rendent nos cheveux plus rêches à cause de la statique due aux frottements, nous nous sommes mises à croire qu'en utilisant le dernier shampoing sorti dans le commerce aux super vitamines de fruits etc, nous pourrions, comme la dame de la publicité, le faire mousser dans nos cheveux dans tous les sens, le rincer et n'avoir qu'à secouer sensuellement le cou pour laisser s'envoler des boucles sexy ^_^... 
L'expérience nous a montré que non, mesdames, aucun shampoing ne peut tenir cette promesse sur une chevelure afro. Par contre, en réapprenant à les manipuler de la façon qui leur convient, en les séparant, par exemple, en plusieurs sections et en s'appliquant à laver son cuir chevelu avant de se rincer doucement les cheveux de la racine vers la pointe plutôt que de les emmêler dans tous les sens durant un shampoing et surtout en utilisant les bons accessoires, la tâche du démêlage est déjà beaucoup moins longue. Pour cette dernière, que nous redoutons toutes un peu, il faut l'avouer, j'ai d'ailleurs fini par découvrir l'accessoire suprême : mes doigts . Cela n'a pas été facile au début mais avec de la patience, cela devient un jeu d'enfant.

 Aujourd'hui, avec la patience et l'expérience, que je souhaite justement partager avec vous au fil de mes posts, je pense avoir réussi à me réapproprier la bonne façon de prendre soin de ma chevelure, sans plus que cela soit une obsession ou une course au volume ou à la longueur, ni que cela empiète trop sur mon temps. Et lorsque je n'ai pas le temps de faire des coiffures trop élaborées, j'opte tout simplement pour mon afro que je partage avec vous! :)


Voici également un résumé de mon évolution capillaire que j'avais postée plus tôt, en Mai 2014, sur la page facebook NaturalHairBe dont je vous parlais plus haut, bien que ma routine capillaire se soit beaucoup simplifiée depuis (elle fera également l'objet d'un prochain post) et que le nombre de cm pris n'est plus vraiment l'aspect auquel j'attache le plus d'importance.

A noter que bien qu'écrivant maintenant mon propre blog, je continue régulièrement à me rendre sur la page NaturalHairBe que j'adore et qui est rédigée par une très jolie  guadeloupéenne pleine de talent. Pour vous y rendre, et voir ses superbes idées coiffure cliquez sur le lien ici 


Vous l'aurez compris, ce n'est pas la fin de l'histoire, mais plutôt le début car j'ai encore pleins de confidences capillaires à vous faire...

Excellente soirée à vous ou bonne journée pleine de dynamisme selon l'heure à laquelle vous lirez ce post et surtout, n'oubliez pas que vous êtes magnifique!!



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